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Viedourle mag’ #92 mai/juin 2024

C’était mieux avant… Non, définitivement Non !

Il ne se passe pas une journée sans que cette satanée expression, fourre-tout verbal, ne ressorte dans une conversation, pendant une discussion, et franchement cela a le don de m’agacer fortement. Il faut dire qu’elle est surtout employée pour culpabiliser, voire accuser une jeunesse déjà bien en difficulté. Je ne parle même pas de ces tribunes télévisuelles ou l’égout l’emporte sur la pudeur, promptes à dégainer cette formule censée clore tout débat, puisqu’ainsi, l’ancien sait quand le jeune doit se taire. Les réseaux sociaux s’en donnent à cœur joie, pour déverser aussi ces lamentations nauséabondes, qui prêteraient à sourire si encore elles se faisaient rares et discrètes.

C’est étonnant de constater combien nous sommes plus sensibles au négatif qu’au positif, alors que notre mémoire, la plupart du temps, fait exactement le contraire en ne retenant que le meilleur. D’ailleurs ne dit-on pas après un drame, une peine, une douleur, que le temps efface les mauvais souvenirs ? Selon Serge Ciccoti, docteur en psychologie, auteur et expert judiciaire, les recherches montrent en effet l’existence d’un biais de négativité, et nous sommes plus affectés par les mauvaises nouvelles que par les bonnes, nous voyons plus les défauts que les qualités : « Beaucoup d’évolutions positives sont invisibles et les médias nous abreuvent d’événements négatifs – attaques terroristes, incendies, tsunamis… – notamment en raison de leur côté spectaculaire. »

En remontant le temps, nous pouvons également constater que ce passéisme ne date pas d’aujourd’hui. En 500 avant JC, Socrate y allait déjà de son réquisitoire à l’encontre de la jeunesse : “Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans.” Même pas une virgule à changer. Plus près de nous, quand les Jeux Olympiques sont ressortis du placard de l’Histoire, il s’agissait alors de remédier à une crise de l’éducation en France. L’Académie de médecine française, en 1881, pointait alors la détérioration de la santé des jeunes due au surmenage scolaire… Je m’arrête là pour ne pas convoquer d’autre incongruités, au risque de vous lasser, pour finalement se dire que, peut-être, cette nostalgie d’un passé sublimé, témoignerait surtout de l’espérance d’un avenir meilleur, même si, il faut bien admettre qu’il y a un domaine où cette régression apparaît indiscutable : l’état de notre planète…

Vous le savez-vous, chères lectrices et chers lecteurs, nous ne sommes pas du côté des passéistes mais bien du côté de l’espérance.

À chacun de nos reportages, on se dit qu’on vient, encore, de faire une belle rencontre. Ce numéro n’échappe pas à la règle. Hélène DE MARIN et Florence COUVREUR, femmes d’ouverture et de réflexion, animent et conduisent, en lien avec le conseil d’administration et l’équipe de professionnels engagés au quotidien le CART Sommières dans une démarche prospective et engagée, dans une dynamique positive et volontariste. L’équipe du CinéJazz à la Tour, solidement ancrée autour de bénévoles fidèles et attentifs, nous propose la 5ème édition de ce festival en plein air, en nous invitant pour un voyage musical, dans le style envoûtant et endiablé des années 50, mais avec des artistes et des musiciens d’aujourd’hui. Enfin, Guilhem et Hugo Fraysse, du Mas Magnan, en vignerons, complètement inscrits dans le monde d’aujourd’hui, se veulent artisans révélateurs de terroir, en nous proposant des vins qui leur ressemblent, tout en vivacité, en liberté, simplement, naturellement.

Et si je vous laissais avec Michel Serres pour continuer vos lectures ?  » ne le dites pas à vos vieux dont je suis, c’est tellement mieux aujourd’hui : la paix, la longévité, les antalgiques, la paix, la Sécu, la paix, l’alimentation surveillée, la paix, l’hygiène et les soins palliatifs, la paix, ni service militaire ni peine de mort, la paix, le contrat naturel, la paix, les voyages, la paix, le travail allégé, la paix, les communications partagées, la paix… « 

À très vite !

Vincent COULON

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