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Viedourle mag’ #91 mars/avril 2024

La tête à l’envers, vraiment ?

Il n’a échappé à personne que chaque panneau indicateur de nos villes et villages, surtout villages d’ailleurs, avait été retourné par des agriculteurs en quête de symboles pour signifier au plus grand nombre leur sentiment dominant, celui de marcher la tête à l’envers. Pourtant à y regarder de plus près, ce même symbole peut aisément se retourner, sans aucun outil d’ailleurs.

Voir la plus puissante organisation paysanne dirigée par le patron d’un géant de l’agroalimentaire, c’est un peu imaginer la plus grande confédération ouvrière pilotée par le patron d’un géant de l’automobile. Et pourtant…. Entendre un premier ministre annoncer aux députés un tonitruant « Tu casses, tu répares, tu salis, tu nettoies » me laisse pour le moins dubitatif quand je constate nombre de nos ronds-points souillés par des caisses plastiques vidées avec force de camions étrangers, quand ce ne sont pas des carcasses encore fumantes de pneus continuant à se consumer alors que depuis longtemps les tracteurs ont regagné les fermes. J’attends presque avec impatience le moment ou la maréchaussée viendra me réprimander pour oser brûler dans mon jardin quelques branchages ou feuillages. Et pourtant…

Le monde ainsi se convulse de crises en crises, sans que jamais nous ne prenions le temps de bien comprendre ce qui nous arrive. Il est plus facile de réprimander un mineur pris sur la fait avec une bombe de peinture que de véritablement reprendre des hommes et des femmes, certes en légitime colère, pour leurs débordements contre nature.

Je repense alors à mon vieil oncle, paysan franc-comtois par filiation et par destination, adepte avant l’heure d’une écologie qui ne disait pas encore son nom, chantre du bien-être animal et résistant aux divers crédits agricoles. Du fond de sa tombe, à l’abri des pesticides, il doit surement se dire que nous marchons la tête à l’envers. Et pourtant…

Si la colère est légitime, si les raisons de la colère sont connues et malheureusement récurrentes pour une profession qui trime sa vie plus qu’elle ne la gagne, demandons-nous, chacun à notre niveau, comment nous pouvons aider ces femmes et ces hommes de la terre à ne plus dépendre d’orientations politiques démagogues mais inefficaces. Peut-être en privilégiant plus que jamais le circuit court, l’achat de produits de saison et locaux. Nombreux sont les commerces qui jouent alors cette carte de la proximité, tout en préservant une juste rémunération pour les producteurs. Nous serons alors de véritables consomm’acteurs en affirmant que notre pouvoir d’achat n’est jamais que la résultante de de la somme de tous ces pouvoirs de ventes locales et vertueuses

Après quelques semaines d’absence, votre magazine est à nouveau sous vos yeux. Et pour cette reprise quelle magnifique rencontre que celle d’Émilie et Brice Bolognini au Mas Mellet à Vauvert. Loin d’une agitation manifestante, ils représentent, pour paraphraser Jacques Dutronc, ces gens qui savent écouter la terre, la travailler, et tout ça me semble essentiel. L’aventure humaine et mécanique portée par Laurent Cavasse et son association Motomécan’libre, n’a d’autre but de partager une passion pour les deux-roues mais au-delà, de créer un garage social qui permette l’accès à l’achat, la location, l’entretien et la réparation de motos à moindre coût et à proximité.

Le printemps pointe son museau, Viedourle Magazine est de sortie, l’hiver ne fait plus le fier et nous sommes heureux de vous retrouver.

Belles lectures à toutes et tous.

Vincent CoulonVincent COULON

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