Allo Terrien ? Pas de retraites sans planète !
Le ciel de ce printemps est ponctué de nombreux nuages, normalement annonciateurs d’ondées vivifiantes, mais aujourd’hui encore, ils passeront au-dessus de nos têtes, presque dédaigneux ou moqueurs, sans nous offrir ces gouttes de pluie tant attendues. Le rouge du champ de coquelicots joue les illustrateurs en complément du vert des blés en herbe, voire du jaune de la coronille, quand ce ne sont pas les bleus de quelques iris sauvages, ou encore les bec-de-grue à feuille de mauve qui composent cette harmonie multicolore, reposante et bienfaisante. Des hirondelles en rase motte jouent avec les thermiques pour attraper moult insectes qui finiront dans les becs avides de leurs oisillons affamés. Les étourneaux se sont posés dans le champ de luzerne fraîchement coupée, pour y trouver vers de terre, chenilles, larves, ou des graines non germées. À la moindre alerte, ils décolleront en escadrille pour jouer dans les airs une farandole emplumée et endiablée. Furtivement, un lapin, sans qu’il me soit possible de l’identifier, bondit au-dessus du fossé tel un feu follet malicieux, pour plonger dans les broussailles, ne laissant voir que le panache blanc de sa queue pomponnée…
Ces quelques lignes de nature vous sont offertes par votre magazine, parce qu’il faut bien dire qu’actuellement, le tintamarre, le bruit et la colère sont lot quotidien de nos informations et de nos déplacements.
En faisant du rangement dans des affaires familiales, je tombe sur une publicité des année 70, pour les casseroles Japy. Avec leur couleur orange, bien marquée seventies, la réclame, terme de l’époque, précisait qu’une « casserole, ce n’est pas simplement un ustensile que l’on pose sur une plaque ou sur une flamme. Une casserole, cela ne sert pas tout bêtement à cuire. » Tiens donc ? Certes il est de notoriété publique que les publicitaires soient en avance sur leur temps, quand ils ne sont pas, tout simplement, visionnaires. Mais dans ce cas précis, cette annonce fait office de leitmotiv pour la période actuelle… En fait, de la Monarchie de Juillet, dans les années 1830 à aujourd’hui, le phénomène des concerts de casseroles est réellement une invention française. Le rituel peut paraître dérisoire, temporellement marqué, peu importe, il s’inscrit dans une longue tradition politico-culturelle, même s’il est aujourd’hui interdit au motif de « dispositif sonore portatif » !
Ceci étant, alors que chacun se prépare pour accompagner, en bruits et casseroles, les déplacements de nos édiles nationaux, je suis quelque peu surpris que nous ne fassions pas monter le niveau sonore pour la défense de notre environnement. Certains esprits chagrins, j’en connais dans mon entourage, me feront remarquer, à juste titre, que les derniers rassemblements sur le sujet ont été, à tout le moins bruyants pour ne pas dire violents. Il est vrai que, de la casserole, nous étions passé à la bassine…
Alors oui, il est compréhensible d’entendre la colère, justifiée et sincère, à propos de la question des retraites, mais sans planète, sans préservation de notre environnement, ce ne sera pas l’allongement de l’âge de la retraite, ce sera le début de la fin… Sans compter sur cette guerre en Europe, aux portes de notre civilisation, qui n’apporte que de la mort alors que notre vie, notre survie planétaire est en jeu…
Vous trouverez certainement ces lignes un peu trop noires pour ce printemps qui arrive, mais est-ce vraiment le cas. C’est moi qui exagère pour continuer à alerter, ou la réalité est tellement angoissante, qu’il est plus facile, plus humain, de se voiler la face et de faire comme si ?
Malgré tout, envers et contre tout, ce numéro vous offre à nouveau des bulles de respiration salutaire, avec la belle aventure collective et coopérative de la cave Sol & Âme à Galargues. Découvrez avec nous le domaine du Mas Picas, jeune garde en bio du Piémont Cévenol, un coup de jeune dans le Pic St Loup ! Enfin, vibrez, dansez, chantez au festival Ciné Jazz à la Tour, un festival à taille humaine, 100% « made in Sommières » qui mérite d’être connu largement !
Belles lectures, belles rencontres, et… pensez à la Planète !
Vincent COULON