Au revoir et Merci !
C’est ainsi, Viedourle Magazine tire sa révérence et quitte les rotatives. Le numéro 95 sera le dernier. En novembre 2007, il y a donc 17 ans, j’écrivais ce qui serait notre conduite, notre doctrine, notre raison d’exister : » Il fallait […] un écrin pour ce renouveau, cette renaissance; c’est ce que propose le Viedourle, un magazine pour tous, pour tout ce qui touche à notre ville et ses environs; un porte-voix pour que la ville parle, chante et vive au rythme de fleuve si particulier au caractère impétueux, capable de toutes les folies mais toujours présent, trait d’union entre Cévennes et Méditerranée, passeur de toutes nos envies ». Je n’en change pas une virgule pour vous dire à toute et à tous, un grand Merci.
Merci aux annonceurs qui nous ont fait confiance, certains fidèles depuis le début… D’ailleurs cette fidélité s’illustre par de nombreux visages. Il faudrait plus d’un magazine pour ici, tous les remercier. Une fidélité de famille, une fidélité de femmes et d’hommes, une fidélité d’entreprises, une fidélité vigneronne, une fidélité musicale et culturelle. Une fidélité artistique et lumineuse grâce aux traits de génie de Christophe Meier, père de la conception graphique et mentor de Viedourle mag’ ! Une fidélité graphique mise en page à chaque numéro par Sylvie Amilien, première lectrice et première fan. Une fidélité de distributrices et distributeurs, toujours à pied d’œuvre, par tous les temps, pour que le magazine soit en bonne place au bon moment ! Une fidélité communale portée par Guy Marotte et Pierre Martinez, premiers magistrats de la ville médiévale. Sans vous toutes et tous, nous n’aurions pas pu avancer, tenir le coup et proposer, tous les deux mois, de nouvelles rencontres, de nouvelles histoires pour magnifier cette région qui nous tient tant à cœur.
Merci à vous lectrices et lecteurs, toujours plus nombreux à nous attendre, toujours plus enthousiastes pour nous dire votre joie et votre bonheur dans la découverte de nos pages et de nos reportages. Quand au hasard d’une rencontre, d’un bar ou d’un commerce, vous nous dites « Merci ! », c’est notre cœur qui bondit ; c’est notre bonheur qui grandit…
Certes le monde a changé et c’est aussi ce qui nous fait jeter le stylo à défaut de l’éponge. Beaucoup de repli sur soi, la simple valeur du vivre ensemble semblant tellement surannée face aux médias poubelles et autres influenceurs pour qui l’argent facile devient un graal, les jours commodes une valeur quand ce n’est pas Dubaï en horizon de réussites imaginaires, mais tellement bien pailletées.
Certes, en près de vingt années, j’ai pu constater le délitement de la vie collective, la prise de pouvoir de l’individualisme et du quant à soi. Les réseaux sociaux ont pris la place du débat contradictoire, pour avant tout disqualifier. Ne pas débattre des arguments, mais invalider l’émetteur en dénonçant sa traîtrise. Ce passage par la disqualification morale est désormais monnaie courante dans le débat public. Au royaume de l’immédiateté, la réflexion, la synthèse devient condamnable et souvent taxée d’intellectuelle.
Certes, j’assumerai jusqu’à la fin ma fibre sociale et humaine; solidaire et tolérante ; me faire traiter de gauchiste en serait presque une récompense, tant le temps érode le souvenir des médiocres.
Alors que l’Espagne essuie ses plaies et pleure ses morts, alors que le climat nous rappelle que la Terre pourra très bien se passer de nous, nos politiques nationaux en sont encore à attiser la haine et le repli sur soi, instaurant en valeur cardinale un nouveau fascisme menaçant, de l’Outre-Atlantique à l’Oural ; pour eux c’est certain, l’Autre c’est l’Enfer.
Une dernière fois, je vous laisse avec ces quelques mots de Dostoïevski, Boulgakov ou peu importe : La tolérance atteindra un tel niveau que les personnes intelligentes seront interdites de toutes réflexions pour ne pas offenser les imbéciles.
Voilà, c’est fini !
Vincent COULON